Je suis peu encline au risque. Donc quand on a décidé de se lancer en freelance avec le Boyfriend, il y a un an et demi, j’avais instauré cette règle dans ma tête de ne jamais passer sous la barre des 10.000 euros qu’on avait chacun économisé. Ce petit pactole de sécurité me sert de baromètre : c’est un moyen de me rassurer et de me dire qu’on s’en sort pas trop mal et qu’on a fait le bon choix.
Jusqu’à aujourd’hui…
Notre seconde idée de business (webdesign), même si elle est plus gratifiante que la première (traduction), est plus difficile à lancer. Voilà comment j’essaye de faire avec :
Recadrer la notion d’échec
Je ne savais pas par où commencer pour trouver de nouveaux clients. Au début, j’ai donc commencé par proposer mes services aux bureaux de production et de diffusion dans le milieu culturel puisque c’était le domaine que j’avais étudié à la fac… Ça s’est avéré être une idée stupide. C’était avoir oublié que 1) le secteur culturel n’a pas la capacité financière pour faire appel au service d’un webmaster et 2) même si certains ont peut être les moyens, ils n’ont pas la volonté et l’enthousiasme d’en payer un et tenteront toujours d’obtenir ce service gratuitement.
N’importe quel bouquin en vente et marketing vous dira que viser cette clientèle n’est pas viable mais il aura quand même fallu que j’en passe par 20 entretiens téléphoniques pour en arriver à cette conclusion, aussi évidente puisse-t-elle sembler.
Mais ce que j’essaye surtout de me dire, c’est que la notion d’échec est subjective et que vous ayez perdu un million d’euros ou que quelqu’un ne retourne pas votre e-mail importe peu. Pour l’appréhender de façon constructive, il est préférable de trouver un angle positif à l’échec en question. Le mieux est donc de le recadrer en opportunité d’apprendre quelque chose de nouveau.
Dans mon cas, la plus grosse leçon fut de comprendre que savoir coder n’était qu’une partie du travail de webdesigner freelance et presque la plus facile. Avoir des compétences techniques, c’est bien mais ça ne compte pas autant que de savoir vendre ses services. Et en vente et marketing, clairement, j’ai des choses à apprendre.
Devenir plus résistant
Après une relecture des théories de business de Ramit Sethi, je me suis dit qu’on allait essayer de vendre nos services à des avocats. J’ai pensé qu’au moins, ils avaient davantage de moyens. Mais comment 1) contacter des avocats qui n’ont pas de sites internet ? et 2) les convaincre qu’ils en ont besoin ? Parce que s’ils n’ont pas de sites alors qu’on est en 2013, c’est qu’ils ont déjà décidés – à tort ou à raison, là n’est pas la question – que ça leur était inutile. Et tenter de convaincre quelqu’un qui ne voit pas l’intérêt de ce que vous offrez est peine perdue.
Donc raté, une fois de plus. Mais au moins, l’échec fut plus rapide. L’idée fût beaucoup plus rapide à tester. Il m’a fallu 6 mois pour tester la première (et 3 semaines pour m’en remettre) mais seulement 15 jours pour réaliser que la deuxième n’était pas viable. En testant vite, j’échoue vite et surtout je peux passer rapidement à autre chose.
Avoir confiance dans le processus
L’autre réalisation, c’est que les livres, les connaissances et l’information ne sont pas suffisantes. Parfois, il n’y a pas de raccourcis à tester par soi-même ses belles théories conçues dans mon salon et les confronter à la réalité, même si c’est un peu douloureux quand on réalise qu’elles sont mauvaises.
Trouver un job qui nous plaise sans pour autant mourir de faim est un objectif de long terme. Ça ne peut pas être facile sinon, il n’y aurait pas de crise la quarantaine.
Donc cette quête implique toujours une part de risque puisqu’on doit se lancer à faire de nouvelles choses sans encore savoir comment les faire ni si elles vont marcher. Mais il n’y a pas vraiment d’autres possibilités que de faire des erreurs pour être sûr qu’on va de l’avant.
Michael Ellsberg, dans The Education of Millionaires, compare lancer une idée entrepreneuriale à sortir avec quelqu’un. On trouve rarement la bonne personne du premier coup. Mais « si vous pouvez vos pertes financières et émotionnelles faible à chaque tentative, vous pouvez continuer d’essayer encore et encore ».
Visualiser le pire scénario
Un bon exercice de Seneca que je répète régulièrement pour me rassurer est la visualisation du pire scenario possible. Et l’avantage de vendre ses services (au lieu d’un produit), c’est que les risques sont plus limités. Il n’y a pas besoin d’emprunter de l’argent pour commencer son activité en auto-entrepreneur et si ça ne marche pas, les conséquences sont minimales. Ce n’est pas un drame. Le Boyfriend peut toujours accepter davantage de contrat de traduction et je peux retourner à l’enseignement du français langue étrangère. On peut toujours retrouver un taf, et retenter plus tard. Ce n’est pas une perspective enchanteresse mais c’est loin d’être dramatique.
Célébrer les victoires et oublier les échecs
C’est bien d’apprendre de ces erreurs mais il faut surtout rebondir donc si vos échecs vous paralysent, mieux vaut les zapper complètement et passer à autre chose plutôt que de les ressasser sans fin.
Ah oui et fêter chaque nouveau contrat, même minime !
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Caroline
Tout à fait d’accord avec toi, toutes les erreurs que nous pouvons commettre dans notre vie, qu’elle soit professionnelle ou personnelle, ont à mon sens une raison. J’ai connu des échecs dans ma vie, mais c’est ce qui m’a amené là où j’en suis aujourd’hui, et si je devais recommencer je le ferais !
Je te souhaite beaucoup de succès pour l’avenir !