Savoir s’arrêter

La nuit dernière, j’ai mis mon réveil à une heure du matin. Chaque vendredi depuis un mois, je me réveille pour regarder l’annonce du WOD des Opens. La saison de CrossFit 2017 est officiellement lancé.

Chaque weekend, pendant 5 semaines, le monde entier a jusqu’au lundi soir pour essayer d’enregistrer le meilleur score possible dans le leaderboard à chacune des épreuves annoncée.

L’année dernière, je me suis hissée dans le top 1000 en Europe. 987 pour être exacte. Ca n’a pas été une mince affaire. J’ai refait chacune des épreuves au moins 2 fois ! L’esprit de compétition avec la coach de ma salle de sport fut intense mais pour le mieux. Les durs mois d’entraînement d’hiver à me lever à 5 h du mat ne sont rien quand je passe mon premier bar muscle-up pendant 16.3 et remporte la première place dans la box.

Quelques mois plus tard, je me qualifie pour ma première compétition en individuel. Beaucoup de stress mais au final, je m’en sors plutôt bien pour une première. Je réussi même a passé les 9 bar muscle ups requis pendant une des épreuves. Les mouvements de gymnastique n’ont jamais trop été mon truc mais c’est certain qu’il y avait du progrès.

Et puis, j’ai changé de salle. J’avais pas du tout envie mais pour passer au niveau supérieur, il a fallu optimiser mon emploi du temps. On a donc trouvé un nouvel appart juste à côté d’une autre box et sur la route du boulot.

En économisant 1h30 de trajet par jour, je peux désormais ajouter une session quotidienne de 20 minutes de yoga les soirs, dormir 30 minutes de plus et préparer mes repas à l’avance les weekends pour enfin tenir mon régime plus de 3 jours d’affilée.

Je me suis renforcée et de façon visible semaine après semaine. J’ai sympathisé assez rapidement avec les gens de la nouvelle box. Lori et moi se sont mises en équipe pour une compétition amicale. Bien que la seule équipe duo féminin, on finit deuxième. Si ce n’était pour ces bar muscle-ups, certes en progrès mais toujours un point faible, on aurait gagné.

Le mois suivant, les équipes sont tirées au hasard. Mon partenaire s’appelle Eduardo. Et cette fois, pas de bar muscle up dans la finale : “juste” des ring muscle up et une course en équilibre sur les mains – le seul exercice de gym que j’aime. Eduardo n’arrive pas à tenir le poirier plus de deux secondes mais ce n’est pas grave, je peux compenser.

Tout à coup, je sens quelque chose dans mon épaule. C’est vif. J’ai du faire une sacrée grimace, parce que j’entends Lori me dire dans le public « laisse tomber, ça vaut pas la peine de sacrifier les entrainements ». La douleur retombe aussi vite. Je me relance sur les mains, ça a l’air de tenir. On gagne.

Lundi matin ? Oui, c’est vrai que j’ai un peu mal. J’évite de soulever des poids lourds pendant quelques jours. Et puis, c’est les vacances de Noël forçant quelques jours de repos qui font du bien.

Noël passe. Puis le nouvel an. Et c’est l’heure du retour aux entrainements. J’ai récupéré pas mal en mobilité, et je peux exécuter la plupart des mouvements. Pas tous. Mais y a du mieux. Je poursuis tant bien que mal les entraînements, en faisant quelques ajustements. Certains jours se passent mieux que d’autres. Mais dans l’ensemble, les records continuent de tomber alors je m’accroche, en vue de la semaine de vacances en Grèce qui approche.

Sachant que j’allais passer 10 jours complet sans entraînement et en repos complet, je pousse plus que d’ordinaire le dernier jour et fait les 3 tours de 30 épaulés-jetés.

Les vacances ne s’avèrent pas aussi reposantes que prévues. Mon épaule me fait mal et je dors très mal. Après 8 jours de repos, je me sens plus fatiguée que jamais.

On improvise un weekend sur l’île de Santorini, et le décor est superbe. Je prend cette photo en haut de l’article pour immortaliser le superbe décor.

Mais la vérité derrière ce sourire de vacances et les lunettes de soleil, c’est que la douleur dans mon épaule droite est plus vive que jamais alors que je me suspend à la rambarde ! Je suis forcée d’admettre que ma blessure ne va pas mieux.

Cette photo parfaite pour Instagram en fait éclatée une autre à laquelle je tiens bien davantage : celle où j’allais confirmé ma position de leader de la box. Celle où j’allais voir combien de places j’avais gagné au classement mondial cette année pendant les Opens. Ces mois de régime à compter les calories pour gagner en force, puis à s’affiner pour confirmer les muscles-ups. Ces matins à pédaler parfois dans la neige pour aller s’entraîner à 7h00 du mat’ avant les journées de boulots. Ces sessions d’étirements chaque soir avant d’aller se coucher pour maximiser la récupération. Toutes ces heures investies.

Tout ça pour rien.

Parce que sur cette île magnifique qu’est Santorini, alors que je prend le cliché des vacances, je suis rappelée à la dure réalité que cette année, je ne suis pas en mesure de faire les Opens.

Je fais alors ce que toute personne sortant brutalement d’un long déni ferait : j’entame doucement la période de deuil.

Evidemment, je commence par m’apitoyer sur moi-même. Je passe la soirée sur la terrasse à noyer mon chagrin dans une bouteille de vin blanc de Santorini, quelques shots d’Ouzo et un paquet de chips hors de prix acheté au seul relai ouvert à Oia hors saison. Et j’ai pleuré. Beaucoup. Et je suis retourné en courant au relai acheté un paquet de cookie avant qu’il ne ferme.

Oui je sais, je sais. Je fais dans le mélodrame. Après tout, “c’est juste un hobby”. Ca ira mieux dans quelques mois et c’est pas la fin du monde.

Mais pour moi, les Opens symbolisent ce moment de l’année où on peut montrer aux autres combien on a progressé et apprécier tous les efforts fournis pendant l’année. Et ces 5 semaines d’excitation à me réveiller au milieu de la nuit les vendredi pour l’annonce de chaque épreuve, ces quelques heures intenses à stratégiser avant le Go-time à 7h00 me rendent réellement heureuse.

Les blessures dues au surentraînement sont compliquées à gérer parce qu’on a le sentiment qu’on a personne d’autre à blâmer que soi-même. Il y a un certain sentiment de honte à passer de celle qui sermonne ceux et celles qui sautent les jours de repos ou ne dorment pas suffisamment, et se retrouver dans la position de celle qui s’est bousillé l’épaule. J’aurais pourtant juré faire tout comme il faut. Strict sur les jours de repos, les heures de sommeil, les échauffements, les étirements, etc… J’ai rien vu venir ! Je me sentais en pleine forme et mon corps engrenait record après record.

Pourtant, poursuivre coûte que coûte voudrait dire risquer sur le long terme de ne jamais plus pouvoir faire de CrossFit et avoir la chance de participer aux Games en tant qu’athlète en master.

S’arrêter avant le burnout. Prendre le temps de récupérer. Manger quelques cookies supplémentaires pour pouvoir aller de l’avant et se lancer dans un nouveau cycle.

Je ne veux pas manquer le prochain article qui m'aidera à me lancer en freelance, me construire une activité qui me passionne et à avoir une vie pas banale ! Merci de promettre de ne pas me spammer :)

Déjà un commentaire Ajoutez le votre

  1. Alexandre

    Le cross fit est donc bien une drogue…
    Je connais pas mal de personnes qui pratiquent et qui malheureusement en fond une fixation. C’est dommage. J’espère que tu te remettras bien de ta blessure et que tu trouveras la force de continuer ou de passer à autre chose.
    Courage ;-)
    Alex

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