Je suis dans la moyenne et tout va bien

J’ai 29 ans, et j’en suis à mon 7ème emploi. C’est apparemment dans la moyenne générationnelle.

Je pense que ça se tient de ne pas s’installer confortablement dans un emploi en particulier. La génération précédente nous a appris que tout devait avoir un sens et être enrichissant. C’est qu’une fois qu’on arrive sur le marché de l’emploi qu’on déchante. On se dit que tout ça, c’est une blague ! Parce que comme le sait tous : les emplois sans expérience nécéssaire ne sont pas mega fun.

Sauf qu’on ne se sent pas obligés de jouer le jeu et de patienter sagement jusqu’à ce que notre tour arrive. On pose notre démission et basta. C’est pas qu’on soit fainéant ou pourri-gâté. C’est qu’au final l’âge a peu d’importance et que ça ne vaut pas la peine de passer des années à servir des cafés aux autres avant d’avoir l’opportunité d’apprendre quoique que soit d’intéressant. Surtout qu’on ne peut pas vraiment prédire ce qu’on aimera (faire) avant d’avoir essayé.

C’est pour ça qu’à chacun de ces 7 jobs, mon role fut radicalement différent. Même si le nom du métier est techniquement le même, être designer à Number26 ou à Clue revêt une réalité complètement différente à laquelle il faut constamment s’ajuster.

Comme Kevin Kelly l’explique : fondamentalement, on est tous des débutants. L’expertise technique n’est plus le Saint Graal. Etant donné que la technologie est obsolète en quelques semaines, les outils et supports qu’on utilise aujourd’hui n’auront rien à voir avec ce qu’on utilisera dans deux ans. Et si c’est une évidence maintenant, ça n’a pas toujours été le cas pour moi.

Quand j’ai travaillé pour la première fois sur une application mobile à Bankin’ il y a 3 ans, j’étais en panique de ne pas savoir comment utiliser Sketch, l’outil de design pour interface d’application. Je pensais que j’étais complètement à la ramasse et que tous les designers savaient s’en servir et utilisaient tous les shortcuts les yeux fermés. C’est seulement en travaillant dans les trois boites suivantes que j’ai réalisé que c’était loin d’être le cas !

Je me sentais dépassée alors que la nouveauté est finalement ce qui nous tient engagé. Du moins, si on l’accueille à bras ouverts.

J’ai regardé le documentaire d’Alain Passard, chef cuisinier étoilé, sur Netflix l’autre jour. Il explique qu’après 10 années a être couronné 3 étoiles, il a finalement décidé de changer sa cuisine. Pas parce que ça ne marchait pas. Au contraire. Juste parce qu’il commençait à s’ennuyer. Donc il a fait le pari de réinventer sa cuisine, et de repasser par la case de débutant.

Passer maître dans la maitrise de Sketch a peu d’importance pour moi maintenant. Il y aura encore et toujours de nouveaux outils de conception à apprendre sur le tas. Le design vocal prendra peut être le dessus sur le design visuel. Et c’est une réalité à laquelle je dois commencer à m’adapter.

Il n’y a pas besoin de déjà savoir pour se lancer. Et notre role, ce n’est pas tant de faire notre boulot convenablement : c’est d’apprendre ce qui nous permettra d’avancer et de perpétuellement chercher ce que sera notre prochain job.