Changer de carrière : les bonnes et mauvaises raisons. Ou moi essayant de me rassurer

Je pleure souvent ces temps-ci. Enfin, ce n’est pas très grave. Je suis une fille et donc émotionnellement je m’exprime rapidement et collatéralement il peut y avoir des larmes. En fait, je voulais vous rediriger vers cette vidéo de 4 gars qui s’essayent à une compétition de pleurs mais ce fut un tel succès que maintenant il faut payer pour la voir. Peut être que vous l’avez vue. Le principe est simple : le premier qui arrive à pleurer gagne. Ils essayent pendant une demi-heure et c’est un échec hilarant. Jusqu’à ce qu’une fille entre dans la compétition et verse sa première larme en 24 secondes ! Comme on ne peut plus voir la vidéo gratuitement, voici une le lien vers une étude plus sérieuse qui dit que les femmes pleurent plus que les hommes, même si ce n’est pas le scoop du siècle.

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Sauf que forcément le Boyfriend, qui peut penser à sa mère se faisant torturer sans laisser apparaitre la moindre émotion, n’y comprend rien. Alors il s’inquiète et cherche des solutions. Dans sa longue liste d’énumération pour améliorer ma situation, il a notamment suggéré que je cherche peut être ce qu’il appelle « un boulot normal » si c’était ce que je voulais. Ça ne m’intéresse pas du tout mais ça m’a fait réfléchir un court moment à ce que je pourrais faire. Et ça m’a amené à penser pourquoi j’avais changé en premier lieu. Pas pourquoi je m’étais lancée en freelance – ça, ce n’est pas un métier, mais pourquoi j’étais passée de médiatrice culturelle en devenir à webdesigner/webdevelopper en devenir.

De même, Mannix – le frère du Boyfriend et oui c’est son vrai nom – travaille en tant que planificateur de projets et se demandait cette semaine s’il ne préfèrerait pas devenir charpentier-menuisier. Il s’est avéré vendredi finalement qu’il a été accepté dans une autre boîte pour un poste similaire mais avec davantage de responsabilités et un salaire annuel frisant les 6 chiffres.

Si on tient compte du fait que la génération Y enchaîne environ 8 jobs avant l’âge de 30 ans, il est facilement envisageable de penser qu’on a plusieurs carrières au cours de sa vie. Changer de carrière ne devrait pas être un enjeu important et on ne devrait pas en faire des montagnes.

Cependant comment savoir, à ma place ou à la place de Mannix, si on doit réellement envisager une nouvelle carrière ou simplement changer de poste ?

J’ai essayé de trouver les différences entre nous deux pour faire le tri entre les bonnes et les mauvaises raisons de changement de carrière.

Voici quelques mauvaises raisons pour changer de carrière :

1) Vous détestez votre boss -> changer de boss, pas de profession.
2) Vous voulez plus de prestige -> arrêtez les séries américaines avec un personnage qui a le même métier que vous. Exemple : ne regardez pas The Good Wife si vous êtes avocat, Dr House si vous êtes médecin, Nikita si vous êtes agent de la CIA ou Glee si vous voulez devenir artiste. Ce n’est que de la fiction et l’identification résultera en crise de confiance. Allez alors voir un psy, ce n’est pas une crise professionnelle.
3) Vous voulez rencontrer de nouvelles personnes -> lisez The game et sortez dans un bar, prenez une semaine de vacances dans une auberge de jeunesse, inscrivez-vous dans un club, etc…

Et de bonnes raisons pour changer de carrière :

1) Vous souhaitez un taf plus créatif, plus analytique ou de direction.
2) Vous souhaitez vivre à un endroit non adapté à votre carrière actuelle.
3) Vous voulez davantage de flexibilité ou travailler moins d’heures.

Par contre, une fois que vous avez décidé que vous vouliez essayer quelque chose de nouveau, il faut agir rapidement. Herminia Ibarra, professeure à l’INSEAD, dans son livre Working Identity: Unconventional Strategies for Reinventing Your Career – même s’il s’adresse davantage à des gens en milieu de vie professionnel – conclue à travers ses exemples qu’un changement de carrière n’est pas tant le résultat du temps passé à philosopher sur la question des possibilités que du temps passé à essayer quelque chose de nouveau. Quelle qu’elle soit.

Et je crois que c’est ça la plus grosse différence entre moi et Mannix. Avant de décider de me lancer en tant que webdesigner, j’avais déjà passé 6 mois à tester les eaux et voir si j’aimais bien coder. J’avais même créé ce site pour Mannix qui lui, aime passer beaucoup de temps à philosopher. Pendant son année en Australie, il a lu Lettres à Lucilius de Sénèque, dont le titre en anglais est Letters From a Stoic, et il écrivait des lettres, ou plutôt en l’occurrence des e-mails, à son frère, donnant lieu à une somme de pensées abstraites sur le stoïcisme avec notamment comme gros enjeu de savoir comment envisager sa vie. Pendant ce temps, alors qu’il n’a jamais rencontré un charpentier-menuisier ou même essayé de construire quoique ce soit en ce sens, je me suis lancée le challenge de coder ce site en 5 jours, pour le lui offrir à Noël. Bien sûr, ça casse pas trois pattes à un canard mais là n’était pas l’idée.

On a grandit avec l’idée qu’on pouvait faire tout ce qu’on voulait, et du coup on se retrouve noyé dans l’embarras du choix. Ce qui nous pousse à vouloir poursuivre quelque chose de plus grand, à trouver une soit disant passion, ce qui est bien sûr une mauvaise idée.

Mieux vaut commencer simplement à tester le terrain, puis à mettre le petit orteil pour voir comment ça se passe. Alors sauter le pas et voir si vous aimez le résultat. Puis recadrer la plateforme, s’en servir de tremplin et retentez un autre orteil.

Parce que trouver ce qu’on est supposé faire est un processus long et pénible, il faut tester différentes choses. Et souvent, quand on se sent coincé, on est tenté de croire que philosopher sur la question va nous aider à nous sortir de l’impasse. Alors qu’en fait, agir nous permet d’en sortir.

Caro_saut

Je ne veux pas manquer le prochain article qui m'aidera à me lancer en freelance, me construire une activité qui me passionne et à avoir une vie pas banale ! Merci de promettre de ne pas me spammer :)

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