Comment décrocher un super job quand on n’a pas d’expérience est un des plus gros challenge lorsqu’on débute une carrière où qu’on se reconvertit professionnellement, et travailler gratuitement, lorsque c’est fait correctement, est un des moyens les plus rapides pour y arriver.
Ce n’est par contre pas quelque chose que je recommande de façon systématique aux personnes que je coache et qui veulent se lancer en freelance. La raison principale étant que si quelqu’un accepte que vous fassiez quelque chose de façon gratuite pour lui ne signifie pas forcément qu’il accepterait de vous payer pour ce service. En d’autres termes, rien de confirme que vous avez une idée viable économiquement simplement parce que quelqu’un vous a donné un oui sans sortir son porte-monnaie.
Cependant, travailler gratuitement peut donner des résultats inespérés. Et comme je ne veux pas vous raconter de blabla et faire comme les médecins qui prescrivent parfois des traitements qu’ils ne suivraient pas eux-mêmes, je vous raconte ici ma propre expérience.
Il y a quelques mois, je vous disais comment j’aimerais bien bosser dans une start-up à Berlin, notamment pour pouvoir faire du Crossfit. Au détail près que je suis à Paris au lieu d’être à Berlin, c’est chose faite ! Et clairement, vivre à Paris quand on travaille en freelance, ce n’est gérable que si on a un client stable et important.
Voici comment j’ai été prise en tant que UI/UX designer dans une des start-up tendance du moment et comment décider si travailler gratuitement est une option intéressante pour vous.
1 – Travailler gratuitement ne vaut le coup que si vous visez un job envié
Parce que si vous visez un job que personne n’aime vraiment faire, il n’y a pas vraiment d’intérêt à travailler gratuitement.
Un moyen simple de savoir si c’est un job que personne d’autres ne veut : c’est un job facile à décrocher. Mais si vous avez du mal à faire le métier que vous aimeriez exercer, il y a de grande chance pour que ce ne soit pas un job facile à obtenir. Pensez journalisme, marketing, ou dans mon cas designer.
Convaincre une hot start-up de me considérer pour être leur designer alors que je ne suis pas passée par une école de design, n’est pas une paire de manche. Donc il vaut mieux trouver un moyen de contourner le traditionnel envoi de CV et le passage d’entretiens où je suis en compétition directe avec des trentenaires qui ont 10 ans de plus d’expérience que moi.
2 – Travailler gratuitement n’a rien à voir avec un stage non-rémunéré
Typiquement, le processus de recrutement pour un stage est le même que pour un job. Vous envoyez un CV, passez un entretien en personne et si vous êtes pris, on vous trouve des occupations sans intérêts à effectuer de 9h à 18h pendant 3 mois… Et sans la moindre garantie que vous soyez embauché à plein temps à la fin ; ils prendront juste un autre stagiaire : vous êtes éjectable !
Travailler à titre gratuit, c’est une autre approche. C’est vous qui décidez dans quelle industrie vous voulez travailler et quel projet vous intéresse.
En fait, c’est là le point critique : vous n’attendez pas qu’on vous attribue une tâche, c’est à vous de proposer ce sur quoi vous allez travailler. Ce quelque chose doit par contre résoudre un problème pour votre client. Donc contrairement à un stage, vous devez être utile à quelque chose.
Et si ce que vous avez sur votre CV se limite à « compétence informatique : Microsoft Office », vous n’avez aucune compétence valable. Il n’y a pas de quoi pavoiser à savoir faire un PowerPoint. Votre employeur pense que c’est la moindre des choses, tout autant que de savoir épeler son propre nom.
Ce qu’il vous faut, ce sont des compétences recherchées dans le milieu du travail et relativement difficiles à apprendre. Vous n’avez pas besoin d’être un ninja dans un domaine particulier, mais vous devez savoir très bien faire un certain nombre de choses. Donc cherchez quelles compétences sont prisées dans le secteur qui vous intéresse et apprenez-les.
Je ne suis pas une experte en marketing, ou en graphisme ou en intégration, mais je suis solide dans les trois. Ce sont des compétences qui se complètent bien les unes les autres et les entreprises les apprécient en « package deal »!
3 – Travailler gratuitement se fait virtuellement
Deux choses inquiètent les employeurs quand ils veulent embaucher quelqu’un : perdre du temps et de l’argent pour rien. En travaillant gratuitement, l’idée est bien sûr de supprimer le risque financier pour eux. Mais en travaillant à distance, vous réduisez aussi le risque de leur faire perdre leur temps.
Parce que si vous n’êtes pas dans les mêmes bureaux qu’eux, ils n’ont pas à passer du temps à vous former. En fait, ils n’ont pas vraiment à penser à vous.
Dans tous les cas, c’est aussi à votre avantage, car vous devez quand même trouver un moyen de payer vos factures, que ce soit en ayant un job à mi-temps ou en limitant vos dépenses au maximum. Dans mon cas, je développe des sites internet en freelance tout en habitant dans le Limousin, et tout ce que je possède loge dans un sac à dos de 19L.
4 – Doit-il y avoir un lien vers la rémunération ?
Si vous faites du bon boulot et que vous le faites avec constance sur la durée, ils voudront continuer à travailler avec vous (et éventuellement vous embaucher !). Pouvoir travailler sans un patron constamment sur votre dos est une qualité admirée. Sans compter que quand vous n’avez pas d’expérience, que vous travaillez à distance et sans être rémunéré, les attentes ne sont vraiment pas élevées ! Donc si vous ne délivrez pas les résultats attendus, ils ne seront ni surpris, ni déçus ; c’est comme s’ils s’y attendaient. C’est une dynamique que vous pouvez utiliser à votre avantage en les épatant facilement.
Le point critique par contre, c’est que c’est tentant de se dissiper après un projet ou petite semaine de travail gratuit. On se désintéresse vite et on perd de vue les bénéfices sur le long-terme. On finit par juste vouloir n’importe quel job qui paie !
Il faut juste ignorer la tentation d’un job inintéressant car sur le long-terme, c’est faire un compromis sur son bonheur. Et construire une relation de confiance avec un employeur potentiel prend du temps.
Maintenant, avant de vous lancer et de promettre de travailler gratuitement pour une longue période, vous devez poser une date limite de transition entre « travail gratuit » et « travail rémunéré ». Si 4 semaines est votre limite, prévenez qu’à l’issue de cette période, vous souhaitez continuer tout en étant payé. C’est important d’établir ces attentes tôt dans l’échange, sinon, vous les conditionner à s’attendre à ce que vous travaillez indéfiniment gratuitement. Pas bon.
Dans tous les cas, l’objectif ici, ce n’est pas de gagner de l’argent immédiatement. C’est de travailler les fondations d’une carrière et d’un style de vie qui vous conviennent.
5 – Est-ce que travailler gratuitement vous permet d’essayer quelque chose de nouveau ?
Travailler gratuitement vous donne l’opportunité unique de pouvoir chercher et trouver le secteur qui nous convienne. Il est très courant d’obtenir un diplôme universitaire dans un domaine qui au final ne nous intéresse pas plus que ça. En tout cas, ça l’a été pour moi !
Donc le vrai challenge dans ce cas, c’est de trouver quel genre de style de vie vous voulez vous créer, en plus de quel secteur vous intéresse véritablement. Et les deux doivent se chevaucher si vous ne voulez pas finir misérable. Par exemple, si vous voulez un style de vie flexible qui vous permette de voyager beaucoup et de travailler selon vos propres horaires, vous ne devriez pas devenir médecin ou avocat. De même, si vous avez besoin de structure dans vos journées de travail, pas la peine de quitter votre boulot pour devenir entrepreneur !
Travailler gratuitement n’a pas de fins. Même si vous êtes au sommet de votre secteur, vous pouvez avoir de nouvelles opportunités pour travailler gratuitement, ou pratiquement gratuitement.
Parce que travailler gratuitement est une bonne idée en terme de développement personnel, où qu’on en soit dans sa carrière professionnelle.
Déjà 10 commentaires Ajoutez le votre
Muriel
Bonjour Caro,
Je trouve ton article très intéressant car il met le doigt sur une notion que j’essaie aussi d’appliquer très souvent : savoir prendre un risque à court terme pour en obtenir les bienfaits un peu plus tard…
Bravo!
Muriel
Caro Hardy
Tout à fait Muriel ! Sachant que si la relation ne mène nullepart, tu peux aussi laisser tomber à tout moment. Donc au final, le risque n’est pas si élevé que ça.
Et travailler en freelance est avant tout une relation, donc faut pas non-plus paniquer si ça ne marche pas avec tout le monde.
Nadia
Merci de nous faire partager cette expérience. Je souhaite me lancer comme free-lance (je suis dans le Poitou) et je pense que travailler parfois gratuitement peut avoir des bonnes retombées dans certains cas.
A bientôt !
Nadia
Caro Hardy
Oui ! mais si c’est fait correctement bien sûr. C’est à dire, si l’objectif, c’est de réduire les barrières pour le client de vous engager, et non pas un deal contre la vague promesse d’une « visibilité » future que le client peut soit-disant vous apporter.
Valérie Segond
Bonjour
Je suis journaliste. Pouvez vous me contacter, je voudrais vous parler…
Valérie
clément
Très bon article et je soutiens l’initiative !! Cependant, à chaque fois que je propose cela, je suis confronté à des employeurs résistants : PB annoncé, cela s’apparente à du travail au black…
Du coup, est ce que tu as du signer un contrat spécial et si oui, s’il te plait, je voudrais bien que tu me donnes le nom du remède magique !!!
Merci beaucoup,
Cordialement,
Clément
Turchese
Bonjour Caro,
Avez-vous déjà essayé avec une candidature spontanée (par téléphone ou en personne)? Vous pensez que ce est une bonne idée? :)
Bonne journée!
Christophe
Pourquoi vous embaucherais je si vous travaillez gratuitement ? Et si vous laissez tomber, je trouverais bien une autre naïve pour bosser gratuitement. C’est à peine exagéré.
Ne vous rabaissez pas tout travail mérite salaire. Vous avez des compétences. Elles se paient. Il y a une période d’essai qui porte bien son nom. Utilisez la. Point final. Mais faites vous payer. Nos dirigeants ne travaillent pas gratuitement, vous non plus. Le travail fratuit est interdit par le bureau international du travail.
J’ai refusé de travailler gratuitement pour une start up qui me demandait un plan d’action de 20 pages. Leur annonce est encore sur internet.
Ne perdez pas votre temps avec des cre v*rds.
De la part d’un recruteur qui en a vu de belles… et de moins belles.
Christopher
Pourquoi vous embaucherais je si vous travaillez gratuitement ? Et si vous laissez tomber, je trouverais bien une autre naïve pour bosser gratuitement. C’est à peine exagéré.
Ne vous rabaissez pas tout travail mérite salaire. Vous avez des compétences. Elles se paient. Il y a une période d’essai qui porte bien son nom. Utilisez la. Point final. Mais faites vous payer. Nos dirigeants ne travaillent pas gratuitement, vous non plus. Le travail fratuit est interdit par le bureau international du travail (BIT)
J’ai refusé de travailler gratuitement pour une start up qui me demandait un plan d’action de 20 pages. Leur annonce est encore sur internet.
Ne perdez pas votre temps avec des cre v*rds.
De la part d’un recruteur qui en a vu de belles… et de moins belles.
Robert
Bonjour Caro,
il y a 3 ans je travaillais dans l’industrie en NZ, se proposer pour des essais gratuits est une pratique usuelle là-bas. Tant en interne entreprise qu’en externe: un fille de production est devenue le numéro 2 de la Qualité en commençant à travailler une à 2 heures en qualité après son horaire de prod pendant quelques semaines. Mais aussi en externe, un ami kiwi a trouvé du travail en voyant un chantier de construction et en se proposant une après-midi, le patron lui a demandé s’il revenait le lendemain, mais payé cette fois. En fait, dans les 2 cas les personnes sont performantes ou avec un gros potentiel. L’autre clef, c’est d’être proche du vrai décideur, capable de prendre des risques voire de rentrer un futur haut potentiel.
Merci pour l’article et merci aux lecteurs pour leurs commentaires super lisibles. Le design top du site donne envie aussi!