Itinéraire vers une totale liberté de création : interview avec Laurie Millotte

L’article d’aujourd’hui est pour les rêveurs d’aventure.

Combien d’entre nous veulent parcourir le monde, travailler en freelance sur des projets super cools et avoir la chance de rencontrer les gens qu’on admire dans notre secteur ?

Et bien, j’ai rencontré quelqu’un qui fait exactement ça…

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La première fois que j’ai rencontré Laurie, c’était dans un café dans Kreuzberg, ici à Berlin. On s’y est retrouvé pour papoter travail en freelance et business en ligne.

A ce moment-là, le Boyfriend se vantait de comment il se montait un petit réseau de personnes à Berlin, sans manquer bien sûr de me rappeler que je devrais faire davantage d’efforts de ce côté-là.

Ne vous méprenez pas : si ça n’a pas jamais mon fort de me créer des connexions, j’ai fait de sacrés progrès en 4 années de travail en freelance.

C’est juste que le Boyfriend a toujours été plus performant.

Mais là, dans ce café de Kreuzberg, alors que j’expliquais mon approche directe via e-mail pour contacter des personnes que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, je me suis retrouvée bouche-bée lorsque Laurie m’a expliqué son approche – directe également mais via LinkedIn – et surtout les résultats qu’elle obtenait.

Une efficacité redoutable, sans aucun doute !

J’avais hâte de rentrer raconter ça au Boyfriend pour lui en boucher un coin ! Ah ah quel petit joueur par rapport à Laurie qui s’est créée des opportunités inimaginables, qui dépassent largement la sphère professionnelle d’ailleurs, juste parce qu’elle ose demander ! tout simplement…

Laurie travaille en tant que packaging designer en freelance. Elle collabore avec les agences les plus prestigieuses et travaille pour des clients de rêve. Elle a désormais quitter Berlin pour faire un tour du monde à sa façon…

Avec elle, on voit en détail :

1) comment se lancer quand on n’a aucune expérience : comment Laurie a décroché sa première mission à Vancouver sans même posséder d’ordinateur portable vendu pour financer le vol et le premier mois de loyer

2) comment sortir de sa zone de confort quand la routine s’installe et qu’on a tout ce qui a priori symbolise la réussite

3) comment contacter des personnes qu’on admire professionnellement où qu’ils soient dans le monde et pourquoi une approche directe est imbattable (le côté humain)

Interview

CARO : Merci Laurie d’être là, c’est sympa en tout cas d’être passée ce soir à la maison pour faire une petite interview parce que ta carrière en freelance va définitivement intéresser mes lecteurs. Du coup, est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus sur ce que tu fais, par exemple, pour commencer ?

LAURIE : Pas de problème. Et merci de m’avoir ici sur CaroHardy.com. Je suis une graphiste freelance spécialisée dans le packaging et le branding de vin et de nourriture.

CARO : Ah… Ça, j’adore parce que c’est super niche. Parce que c’est vrai qu’on est toutes les deux designers finalement, mais on ne fait pas du tout la même chose.

LAURIE : Non. Exactement. Et je suis effectivement vraiment dans une niche que j’adore, la nourriture et le vin, comme toute bonne Française. Ça va de soi, n’est-ce pas ? Et en fait, donc un peu pour t’expliquer comment j’en suis venue là, c’est un peu par chance, vraiment. J’ai fait mes études à Paris à l’école Estienne et après avoir fini mes quatre ans d’études, j’ai décidé qu’il fallait que je me mette plus sérieusement à l’anglais. J’étais vraiment pas terrible en anglais, mais j’ai décidé de prendre un billet d’avion pour voyager et enfin devenir bilingue. C’était un défi.

CARO : Où est-ce que tu as atterri ?

LAURIE : Vancouver, Canada, côté pacifique. Donc plus ou moins exactement de l’autre côté de la planète par rapport à Paris. Et mon premier travail là-bas a été de faire la plonge dans un restaurant.

CARO : Ah ah pareil, quand je me suis lancée en freelance, j’étais serveuse parce qu’il fallait quand même payer le loyer.

LAURIE : Voilà, j’étais plongeuse du soir et graphiste freelance du jour. Et j’étais jeune, j’avais plein d’énergie.

LAURIE : Exactement. Donc j’ai commencé à travailler en freelance et mon premier projet, ça a été de faire trois étiquettes de bouteilles de vin. Et contre toute attente, ça s’est super bien passé. J’ai fait sept ans d’études de graphisme, mais je n’avais encore jamais fait de packaging encore moins de travail sur le vin et ça a été mon premier projet.

CARO : Et comment est-ce que tu as trouvé ces premiers clients comme ça ?

LAURIE : Bibliothèque. C’est une des choses que j’adore faire. Dès que je bouge dans un endroit que je ne connais pas, la première chose que je fais, c’est demander une carte de bibliothèque.
Des fois un peu difficile puisqu’il faut des fois prouver où est-ce qu’on habite. Donc je dois parfois attendre qu’une lettre arrive, mais n’empêche. Première chose que je fais parce qu’une bibliothèque, c’est très sécurisé, ça a internet et bien sûr, ça a des livres, des magazines. Et donc, la première chose que je fais, c’est de demander une carte de bibliothèque à Vancouver et j’ai regardé les magazines de graphisme. Et avec mon petit cahier, j’ai noté les agences que je trouvais géniales.

Et c’est comme ça que j’ai trouvé cette super agence et spontanément, et probablement naïvement, je leur ai écrit un e-mail en disant : je vais appeler.

CARO : J’adore. Et donc, tu les as contactés directement ?

LAURIE : Direct.

CARO : Comment tu as fait ? Tu avais un portfolio en dehors de ce que tu avais fait durant tes études ?

LAURIE : J’avais un petit site Internet en Flash que j’avais fait moi-même. Je crois que j’avais un PDF de mon portfolio, mais ça faisait deux semaines que j’avais passé mon diplôme. Donc c’était que des projets d’étudiant qui j’imagine, avec les standards à l’heure d’aujourd’hui, étaient très aléatoires. Parce qu’il était vraiment mauvais.

CARO : OK. Intéressant. Donc finalement, c’est ton approche directe qui a payé.

LAURIE : Oui. Par contre, il faut être très naïf. J’y suis allée sans trop réfléchi. J’étais juste vraiment excitée à l’idée d’être de l’autre côté de la planète, après sept ans d’études, et d’enfin commencer à être graphiste pour de vrai. De jouer dans la cour des grands en quelque sorte !

CARO : Et avec cette agence, ça s’est bien passé ? Ils t’ont dit oui ?

LAURIE : Oui. Du coup, ils ont dit oui. Enfin, pas tout de suite. Ils m’ont répondu en disant… Enfin, je dis « ils » m’ont répondu, mais à l’époque, ce n’était qu’une seule personne avec une secrétaire parce que c’était une toute petite agence, ce que je ne savais pas. Ils m’ont répondu en disant qu’ils aimaient bien mon portfolio, mais que ben… je ne répondais à aucune annonce et qu’ils n’avaient pas vraiment de besoin en ce moment. Mais c’était sympa. Moi j’étais déjà très excitée d’avoir reçu une réponse. J’avais envoyé environ une vingtaine d’e-mails et j’ai reçu environ cinq réponses. Donc…

CARO : Ce qui n’est pas mal déjà pour un premier e-mail.

LAURIE : Ce n’est pas mal oui. Et là, l’agence dont on parle était ma préférée donc j’étais déjà super contente qu’ils m’aient répondu.

CARO : Oui, c’est ce qu’on appelle une petite victoire et c’est celle-là qui compte le plus en fait au départ.

LAURIE : Exactement. J’ai raconté ça à tout le monde en cuisine au restau. Et ce qui s’est passé, c’était au mois de juillet 2006, c’est qu’en environ 10 jours plus tard, Bernie, donc le patron, me contacte en me disant que le graphiste freelance qu’il avait embauché pour un projet part en vacances. Et qu’il n’avait pas eu le temps de finir un projet. En fait, c’’était même pas une question de ne pas avoir eu le temps. Il manquait un peu d’idées et que bref, ils étaient un peu bloqués. Et c’est là où il s’est rappelé que je lui avais envoyé un e-mail un peu de nulle part quelques jours plus tôt.

Donc il m’a demandé : « est-ce qu’on peut se rencontrer dans un Starbucks ? » On est en Amérique du Nord ; il y a un Starbucks partout. Il voulait qu’on échange un peu plus, que je lui montre mon portfolio, etc. J’avais un portfolio imprimé. Encore une fois, faut remettre les choses en perspective, c’était il y a presque dix ans.

Alors moi je stresse à mort évidemment parce que mon anglais est toujours aussi mauvais. Après deux semaines à Vancouver, ce n’était toujours pas terrible. Ce qui a joué en ma faveur, c’est que Bernie est originaire du Québec. Comme ça faisait plus de 20 ans qu’il était du côté pacifique, son français n’est pas vraiment bon, mais bon. J’ai fait la moitié de ma présentation en anglais et la moitié en français.

LAURIE : Et finalement, il accepte de me donner ce projet. Il était un peu pris de court avec la deadline avec son client et je suis très contente. Je négocie un prix. Donc je sais tout de suite que ce n’est pas énorme, mais pour moi, juste le fait d’être embauchée pour un service de freelance, ça, c’était le point énorme. J’allais pouvoir avoir un vrai projet payé.

Donc j’accepte et c’est à ce moment-là que je lui dis en le regardant dans les yeux — je me rappelle toujours de la tête qu’il m’a retournée. Le seul petit problème, c’est que j’étais graphiste freelance, sauf que j’avais utilisé l’argent censé me permettre d’acheter un ordinateur pour acheter mon billet d’avion pour aller à Vancouver. Donc j’étais graphiste freelance sans ordinateur portable.

CARO : Ah, d’accord…

LAURIE : Encore une fois, très, très naïve là aussi. J’étais graphiste freelance sans ordi, un peu comme maçon sans truelle. Et voilà. Bref, et donc là, il était pour le moins “déboussolé”, à se dire : « mais c’est qui, celle-là ? » Et vraiment, je comprends. Mais en même temps, il était vraiment le dos au mur. Il n’avait pas d’autre option. Il avait vraiment besoin de finir ce projet. Le vin allait être embouteillé. Il fallait des étiquettes et il n’avait pas de plan B. Donc j’étais son seul plan. Et c’est là où il me dit : « bon ben, je viens d’acheter un nouveau Mac pour ma secrétaire. Elle peut retourner sur le PC et tu peux utiliser son ordi ».

Et j’accepte. Et donc c’est comme ça que j’ai commencé à travailler. J’étais freelance, mais avec ce statut un peu particulier dans le sens où je devais aller au bureau pour avoir accès à mon outil de travail.

CARO : OK.

LAURIE : Et franchement, maintenant que presque 10 ans sont passés, ça a été, je crois, ma meilleure erreur, comme quoi des fois la naïveté vraiment nous sert. Je le crois sincèrement, parce que ça m’a permis d’être au sein de l’équipe, de vraiment discuter avec les gens de manière quotidienne. Après, une fois que ce projet était terminé, je suis retournée faire la plonge. Et ensuite j’ai été embauchée pour un nouveau projet, et ainsi de suite.

Mais à chaque fois, je devais aller au bureau pour travailler parce que je n’avais pas le choix. Je devais avoir un ordinateur évidemment et c’est en ce qui m’a permis de vraiment devenir un membre à part entière de l’équipe, même si je continue à donner mes factures comme un freelance le fait.

Et après une année de collaboration comme ça, Bernie m’a proposé de me sponsoriser pour que je puisse travailler au Canada de manière définitive. Alors que je devais normalement y rester six mois, j’y suis restée sept ans et demi… huit ans !

CARO : Comme quoi ne pas avoir d’ordinateur peut être une fantastique excuse pour créer des relations.

LAURIE : Tout à fait. Et ce n’était pas calculé mais ça a marché.

CARO : OK. Et donc après le Canada, est-ce que tu as été ailleurs ?

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LAURIE : Alors, oui. Donc j’ai travaillé au Canada pendant huit ans, huit ans et demi. Et je suis devenue une employée à temps plein au sein de cette agence. Je suis même devenue la directrice de créa. J’avais une petite équipe en dessous de moi que je manageais, etc. Et ce qui s’est passé, c’est que je me suis trouvée dans une situation un peu particulière dans le sens où dans ma carrière, ça faisait huit ans que je travaillais dans le graphisme et je n’avais qu’une seule expérience professionnelle. Ce qui est génial : en commençant en freelance, tu arrives directrice artistique au sein de la même boîte, je ne l’avais même pas envisagé !! Mais en même temps, c’est vrai que je me demandais comment c’était ailleurs. J’ai toujours aimé beaucoup voyager. Et j’avais un peu les fourmis dans les jambes, l’envie d’explorer, etc…
Et puis aussi, j’avais un peu ce problème au niveau de ma carrière : j’étais directrice artistique, mais je n’avais jamais eu moi de directeur artistique pour me diriger.

LAURIE : J’avais l’impression vraiment d’inventer au fur et à mesure.

CARO : Tu voulais un peu plus de challenge au niveau professionnel, quoi.

LAURIE : Voilà.

CARO : C’est ça. Moi aussi j’aime bien avoir de temps en temps un directeur artistique au-dessus de moi qui est plus âgé et qui a beaucoup plus d’expérience que moi. Et c’est vrai que ça donne un coup de boost de pouvoir échanger sur le travail rendu.

LAURIE : Tout à fait. Et donc à ce moment-là, ce que j’ai fait, c’est que j’ai décidé d’aller voir ailleurs.

CARO : De sortir de ta zone de confort…

LAURIE : Exactement. J’étais devenue très confortable alors que la première fois que j’étais venue à Vancouver, c’était moins que le confort parce que j’avais tous les problèmes dont on a déjà parlé, mais évidemment, après huit ans dans la même ville, c’est la même routine et je voulais un peu élargir tout ça, mes compétences et élargir mon champ d’expérience.

Mais je ne savais pas vraiment comment m’y prendre. C’est-à-dire qu’en même temps, j’avais un bon salaire, une super équipe, un super boss, un super appartement, une voiture…

Et tout le monde était ravi pour moi en disant : « mais c’est génial ! » Eh oui, c’était génial, mais j’avais toujours un peu cette envie de voyager, de faire chose, de découvrir. Alors ce que j’ai fait, je me suis tournée vers mon réseau professionnel et j’ai commencé à contacter d’autres graphistes à travers le monde qui avaient franchi ce cap. C’est-à-dire qui avaient été très confortables à un moment donné dans leur carrière et qui ont décidé de faire un pas dans l’inconnu et d’essayer quelque chose d’autre. Et j’ai contacté ceux qui professionnellement me semblaient sortir du lot et avoir une certaine réussite dans leur carrière.

J’ai réussi à contacter 10 personnes à travers mon réseau. J’avais désormais un ordinateur !! Toujours pas de Facebook. Je crois que Twitter venait d’apparaître, mais j’ai choisi d’utiliser LinkedIn. J’ai fait ce choix parce que LinkedIn me permet d’avoir accès à des données professionnelles et à certains outils qu’il n’y a pas moyen d’avoir ailleurs.

Donc j’ai demandé à 10 personnes que je n’avais jamais rencontrées de ma vie, qui étaient un peu partout sur la planète et à qui j’avais envoyé une invitation sur LinkedIn, leur avis. Je leur ai expliqué comme quoi je pensais me développer, un peu essayer des choses que je n’étais pas sûre que ça allait marcher, mais que j’avais un peu cette idée que peut-être je devrais faire. Et c’est intéressant. Voilà. Ce n’est pas comme si je voulais vraiment qu’ils me disent : « oui, vas-y, Laurie ».

CARO : Non, tu leur demandes pas de faire le boulot à ta place. Tu voulais juste savoir quelle serait la prochaine étape à prendre selon eux, un livre à recommander, quelque chose comme ça.

LAURIE : Quelque chose comme ça. Exactement. Je voulais juste avoir leur point de vue. Après tout, on ne se connaît pas. Je ne les ai jamais rencontrés, mais on a juste “connecté”, échangé un ou deux e-mails et j’adore leur travail. Et je sais qu’ils ont un peu le même parcours — différent, évidemment, mais un peu cette même révélation à un moment donné. Alors je me suis dit : plutôt que de lire des livres, autant demander aux personnes qui l’ont vécu. Ça a été très difficile pour moi… évidemment, ça semble facile, mais à l’époque c’était très difficile de demander à 10 parfaits inconnus des conseils, reconnaître que je ne savais pas vraiment ce que je faisais. Ça, ce n’est pas évident du tout.

CARO : Oui. Je vois ce que tu veux dire.

LAURIE : Donc j’ai bu un Gin and tonic et j’ai envoyé un e-mail que j’avais écrit avant le Gin and tonic. J’ai juste bu le Gin and tonic pour pouvoir appuyer le bouton « envoi ».

CARO : Ah ah pareil pour moi mais en général, je me contente de m’enfiler une tablette de chocolat… mais après leur avoir parlé en fait.

LAURIE : Je bois un Gin and tonic… Et j’envoie. C’est ma technique.

CARO : En général, je décompose maintenant et je ne fais plus les deux choses le même jour. J’écris les e-mails et je les envoie le lendemain sans les relire. Ils sont prêts et y a plus qu’à les envoyer. Je me détache un peu émotionnellement en décomposant le processus recherche / rédaction de l’e-mail et l’envoi. J’ai peu réduire ma consommation de chocolat comme ça.

LAURIE : Oui, mais l’idée avant tout, c’est de le faire. Chocolat ou Gin and tonic, qu’importe ! S’S’il le faut… Maintenant, j’en ai moins besoin, mais je le conseille.

Donc… et là, j’ai été vraiment surprise. Demander, je ne dirais pas à ces parfaits inconnus, mais vraiment quand même des gens que je connaissais vraiment très, très, très, très peu… À vrai dire, si on se passait dans la rue, je ne suis même pas sûre que je les reconnaîtrais.

Donc je n’en croyais pas mes yeux, quand dans les 24 heures qui ont suivies, j’ai reçu quatre différentes réponses.

LAURIE : J’avais posé huit différentes questions. Donc c’était énorme. Je m’en rends compte maintenant…

CARO : Huit différentes questions à chaque personne ?

LAURIE : Oui.

CARO : Oui, ça fait pas mal pour un premier e-mail.

LAURIE : Oui, voilà ! Et j’ai eu quand même eu des réponses. Les gens ont répondu de Minneapolis aux États-Unis, de Croatie, de Serbie, d’Italie, de Suisse, de Norvège, du Vietnam, etc… Vraiment d’un peu partout dans le monde, la géographie peu importe. Et ce qui m’a vraiment fascinée, c’est que les gens prennent le temps de me répondre et de façon vraiment sincère. Alors là, je ne m’y attendais vraiment pas du tout. Genre c’était des e-mails qui souvent ont du prendre au moins, j’imagine, une demi-heure à écrire…

Et ce qui m’a vraiment impressionnée également, c’est comment certaines personnes m’ont aussi avoué que certaines de mes questions étaient encore des questions pour eux aussi. C’est-à-dire que ce sont des choses qu’ils sont en train de vivre et d’expérimenter eux-mêmes et que certains questions par rapport à comment devenir freelance, etc., ils les avaient encore, mais que ça ne les avait pas empêchés de devenir freelance ou de devenir leur propre boss. Et pour moi, c’était vraiment une grande révélation. « Oh, je suis pas obligée d’avoir toutes les réponses pour commencer ».

CARO : Tu veux dire : tu peux commencer maintenant, tout de suite et puis ajuster plus tard au fur et à mesure en fonction de ce qui peut être amélioré dans la chaîne.

LAURIE : Exactement. Et je me dis : « si ces gens-là y arrivent sans avoir toutes les réponses, peut-être que moi aussi je n’ai pas besoin d’avoir toutes les réponses au final ».

Et une des personnes que j’avais contactées était à Oslo, en Norvège m’a répondu : « plutôt que de faire ça par e-mail, pourquoi ne pas se faire un Skype Call à la place ? » Donc inutile de dire que j’étais super stressée.

On a discuté pendant une heure, une heure et demie et à la fin, ils — c’était une petite agence, un couple en fait — m’ont dit : « On trouve tes questions vraiment intéressantes et on est très fier de toi d’oser les poser parce que pour certaines de ces questions, on n’a pas même pas les réponses nous-mêmes. C’est vrai que c’est difficile de se l’avouer, mais si tu as envie d’expérimenter un peu, on pense agrandir l’équipe et on pense que tu serais super pour ça. »

CARO : Une opportunité de travail ?

LAURIE : Exactement. Alors ça m’a un peu pris de court.

CARO : Oslo ! Prochain avion, on part quand ?

LAURIE : C’est 3 avions pour aller en Norvège. Mais j’ai saisi l’occasion en fait parce que j’avais vraiment besoin d’une sorte de prétexte et je me suis dis que plutôt que de tergiverser, valait mieux saisir cette opportunité en or. C’est vraiment un petit studio que j’adore. Et je sais que j’adore la Scandinavie parce que j’avais déjà fait un stage à Stockholm pendant mes études.
Deux mois plus tard à peine, j’étais à Oslo.

Et c’est comme ça que j’ai commencé à travailler en freelance en Norvège, dans un pays que je ne connaissais pas du tout, où je ne connaissais personne, mais où j’avais une opportunité, où je savais que j’avais une source de travail qui reviendrait régulièrement.

CARO : Et avec la langue, à ce moment-là, comment tu te débrouillais ? Est-ce que ça a été un problème ?

LAURIE : Je ne parle pas norvégien et après 6 mois en Norvège, je ne parle toujours pas un mot de Norvégien. Il faut savoir que dans les pays scandinaves, tout le monde parle un anglais parfait. Même la télé est en anglais, le cinéma est en anglais. Donc ce n’était vraiment pas un problème.

Voilà, donc j’étais dans une situation idéale parce que ça me donnait enfin cette vision de savoir comment une autre agence travaille en petit groupe et en même temps commencer à découvrir comment faire mes propres factures, comment gérer mes dépenses, tout ce qui est lié au contrôle de sa propre boite et à la gestion de ses finances.

CARO : Donc cette agence était ton client principal. Est-ce que tu as essayé en même temps de chercher d’autres clients ?

LAURIE : Oui. J’avais la chance d’avoir suffisamment d’argent qui “entrait” tous les mois grâce à ce client, ce qui fait que je n’avais vraiment pas la pression de trouver d’autres clients.
Mais je continue toujours de développer mon réseau. Je suis toujours très alerte de voir ce qui se passe dans mon milieu et puis à toujours développer de nouvelles relations. Et après 6 mois en Norvège, j’avais encore les fourmis dans les jambes et c’est le moment un peu de voyager un peu. Donc à ce moment-là, j’ai décidé de partir sur Berlin.

CARO : Pourquoi Berlin ?

LAURIE : Parce que j’avais toujours entendu dire que c’était une ville géniale.

CARO : Et alors ?

LAURIE : C’est génial. C’est génial ! Je confirme. Je le recommande. Donc c’est un peu pareil. J’avais trouvé un travail temporaire en tant que freelance dans une agence ici à Berlin. Je voulais avoir un minimum de sécurité : « C’est bon, je vais avoir un peu des sous qui vont arriver tous les mois sur mon compte en banque. »

CARO : Comment est-ce que tu as trouvé cette agence ?

LAURIE : Mon réseau. En contactant les gens.

CARO : Via LinkedIn toujours ?

LAURIE : Via LinkedIn essentiellement oui…. Et la naïveté que j’avais à Vancouver la première fois, ça m’a tellement servi que j’essaye de la garder. Je sais que ça semble bizarre. Ça fait 10 ans que je fais ce travail, mais il y a une chose de powerful quand on est vraiment honnête et quand on dit : « Je veux venir à Berlin. Je suis prête à travailler dur et je veux expérimenter. Est-ce que vous êtes intéressés ? » Je ne mentais pas ; j’étais vraiment honnête. Et les gens apprécient cette honnêteté et voilà. « Carrément. Allez ! On va essayer de faire quelque chose. » C’est un petit contrat de 1, 2 ou 3 mois. Ce n’est pas non plus comme des gros engagements ; ça ne fait peur à personne, mais ça permet à tout le monde d’essayer en fait. Et en même temps, ça me garantit à moi une source de revenus.

CARO : D’accord. Maintenant, est-ce que tu peux nous en dire sur ton système : à quoi ça ressemble au quotidien ? – même quand tu ne cherches pas tout le temps explicitement un projet parce que tu es déjà très prise.
Je sais que tu continues en permanence de travailler ton réseau. Alors décris-nous un peu ton système : comment ça se passe ? Est-ce que t’as des jours particuliers pour contacter les gens ? etc…

LAURIE : Ce qui est un tout petit peu ironique et ce qu’il faut savoir, c’est que je suis à Berlin. Je ne parle pas norvégien et je ne parle pas un mot d’allemand non-plus.

CARO : Heureusement que tu as eu 8 ans pour apprendre l’anglais :)

LAURIE : Oui, ça, c’est bon ! J’allais ajouter que : « mon français n’est vraiment plus très bon » comme excuse aussi…

CARO : Ça va.

LAURIE : C’est la bouteille de vin qui aide.

(Pour info : on boit un Côtes du Roussillon du domaine du Bout du Monde Tam Tam)
CARO : Oui. Ça ramène le français en nous.

LAURIE : Oui, ça aide pas mal ! Mais dans mon cas, ce qui surprend beaucoup de gens, c’est que je suis à Berlin et que je travaille dans un bureau à Berlin, mais que l’essentiel de mes clients, au moins 80%, sont partout sauf en Allemagne.
J’ai des clients à Stockholm, par exemple. Ils viennent même de m’envoyer un billet d’avion pour que je fasse une semaine avec eux sur place afin de les aider à travailler sur un projet d’étiquettes de vin.

CARO : Intéressant.

LAURIE : Je travaille pour des clients à Londres où j’étais il y a quelques semaines. Maintenant, j’ai des clients à Berlin. J’ai aussi des clients à Sydney en Australie, ce qui n’est pas forcément super pratique parce que Sydney-Berlin, ça veut dire qu’on n’a absolument aucune heure de travail en commun. Pourtant, ça n’a jamais été un problème. Et puis, ça s’avère même pratique parce qu’ils travaillent pendant que je dors, et je travaille pendant qu’ils dorment, et ainsi de suite… Donc le projet avance très, très vite.

CARO : Pareil pour moi. J’ai un nouveau rythme à prendre avec une start-up basée en Californie. C’est la première fois que j’ai autant de distance en décalage horaire. Jusque-là, ça a l’air de marcher…

LAURIE : C’est juste un rythme à prendre et aussi à se donner dans le sens où s’il est minuit, à moins que ce soit une urgence, je ne vais pas répondre à un e-mail.
Je m’impose des limites professionnelles. Je sais que c’est le matin en Australie, mais bon, chez moi, il est minuit. Et j’ai ma vie aussi.

CARO : Et comment est-ce que tu gères en terme de communication pour travailler à distance avec tes clients ?

LAURIE : En général, les premières prises de contact se passent via LinkedIn. Pour l’essentiel. Et ce qui est intéressant avec LinkedIn, c’est que les gens peuvent voir notre profil, peuvent voir les recommandations des autres clients qui ont déjà travaillé avec moi, etc… Donc je trouve que c’est vraiment plus facile d’établir une première relation de confiance. Et ensuite, je dirais e-mail.

Par exemple, dans le cas de mes clients australiens, j’ai travaillé avec eux sur quatre différents projets maintenant, et ce n’est que très récemment que je les ai eus au téléphone.

On n’a jamais eu besoin de se parler sur Skype. Mais j’ai toujours livré ce qu’ils attendaient. Ils ont toujours payé en temps et en heure. Donc il n’y a jamais eu vraiment besoin…

Par contre, ce qui est très important pour moi, c’est que j’envoie beaucoup d’e-mails. Enfin, beaucoup… Disons que mes e-mails sont très professionnels, mais pas guindés, je dirais. Je n’ai pas peur d’utiliser des points d’exclamation quand je suis vraiment excitée, quand j’ai vraiment trouvé un angle qui m’intéresse.

J’écris comme je parle. C’est vraiment un peu ma signature. C’est peut-être l’esprit nord-américain où l’e-mail est beaucoup plus décontracté qu’en Europe, je ne sais pas. Mais c’est vraiment pour moi ma signature. C’est-à-dire que j’envoie des e-mails, mais ils se lisent vraiment comme un dialogue. Je pose des questions, j’utilise des points d’exclamation. Je décide vraiment de faire transparaître ce que je ressens pour communiquer où j’en suis et pour aider la personne qui est de l’autre côté, à des milliers de kilomètres à vraiment comprendre ce que je traverse et où j’en suis. Et comme ça, on est plus en symbiose malgré les kilomètres.

Et la seconde chose vitale, c’est de tenir ses promesses. C’est-à-dire que si je dis que je vais livrer une solution vendredi, ils l’auront vendredi, au plus tard.

Donc avant tout, le secret, c’est de développer des relations avec des gens un peu partout dans le monde, mais sans attendre nécessairement du travail en retour.

Je suis super curieuse de nature. Donc c’était : « ah, tu as fait ce super projet ? Raconte-moi. »

CARO : Et c’est vraiment étonnant finalement comment les gens adorent parler de leurs projets. Je veux dire quelqu’un qui est pro dans son domaine et qu’on approche de façon respectueuse en disant : « hé, j’adore ce projet que tu as fait », et non pas de façon critique genre : « si ça avait été moi, j’aurais fait ça » ; les gens adorent parler de leur travail qui nous prend la majorité de notre temps aussi.

LAURIE : Exactement. Exactement.

CARO : OK. Alors, dis-nous maintenant quels sont tes prochains projets.

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LAURIE : Mes prochains projets sont très excitants et ils me font aussi un peu peur. Parce que dans une semaine exactement, je m’envole pour la Thaïlande.

CARO : Nice !

LAURIE : J’ai décidé de prendre 2015 un peu comme une aventure. Je ne sais pas trop où ça va me mener. Mais j’ai acheté un billet d’avion et je pars faire un tour du monde. Je pars faire un compagnonnage en fait. C’est ma sœur qui m’a donné le mot et c’est vrai que c’est un concept un peu ancien. A la façon des artisans français qui allaient faire un tour de France, rencontrer d’autres artisans pour devenir eux-mêmes artisans, je me suis dit que je pouvais faire la même chose, sauf que j’ai un peu élargi géographiquement. Donc je pars de Berlin et je m’en vais pour l’Asie du Sud-est. J’ai établi une relation avec un petit studio à Ho Chi Minh (Saigon en français) au Vietnam, et je leur ai demandé s’il était possible que j’utilise leur bureau comme endroit pour pouvoir travailler en tant que freelance.

CARO : Est-ce que c’est quelque chose que tu fais souvent, ne pas travailler de chez toi ?

LAURIE : Je ne travaille jamais de chez moi.

CARO : À Berlin, tu es à la Betahaus. C’est ça ?

LAURIE : Oui, j’aime travailler entourée de d’autres personnes. Ça me rend meilleure et beaucoup plus productive. Et puis si je voyage, l’idée, c’est que je ne reste pas enfermée chez moi.

Et aussi étonnante puisse paraître la requête, ils ont adoré. Donc je vais passer trois mois au sein de leur bureau et je vais travailler pour mes clients habituels en tant que freelance. Après tout, si je peux travailler pour des clients en Australie depuis Berlin, je peux tout autant le faire depuis le Vietnam.

CARO : C’est l’avantage : tu peux emmener tes clients avec toi.

LAURIE : Oui, j’ai un bon client allemand que je vais emmener avec moi au Vietnam. Mais l’idée également, c’est de collaborer avec eux sur certains projets. Donc je vais vraiment aussi apprendre. C’est un parcours initiatique : je monte mon stage à ma sauce. Parce qu’un stage non-payé, ça ne m’intéressait pas mais j’ai quand même très envie d’apprendre d’eux.

On verra ce que ça donne. Et en même temps, ils m’ont même aidé pour obtenir un visa. Ils ont écrit une lettre de recommandation pour tous les papiers administratifs qu’il me fallait. Je pars donc trois mois au Vietnam et j’ai vraiment hâte !

Et ensuite, après un tour de l’Asie du Sud-est (Laos, Cambodge, Vietnam et Thaïlande), je m’envolerai pour Hawaï pour apprendre le surf tout en continuant à travailler avec mes clients en freelance. Merci internet !
Et ensuite, je vais rejoindre le Mexique. J’ai toujours admiré une agence à Monterrey. Ça fait des années et des années que je salive sur leurs projets. Ils sont spécialisés dans le branding et le design d’intérieur de restaurant.

L’agence s’appelle Saavy Studio et ils sont super bons ! Ça fait des années que je les suis avec admiration. Il y a un an, un an et demi, je suis entrée en contact avec le directeur artistique de l’agence via LinkedIn.

Il s’appelle Raoul et on s’entend super bien. On a développé l’art perdu de s’envoyer des lettres, mais par e-mail bien sûr. Une fois tous les deux ou trois mois, on s’envoie un e-mail pour se raconter les nouvelles.

On échange sur ce qui se passe de notre côté. Je lui envoie un e-mail depuis Oslo. Puis, une autre fois depuis Berlin. Lui il m’envoie un e-mail depuis Monterrey, ou depuis Barcelone quand il est en voyage.

CARO : Comment est-ce que se passe la prise de contact et ensuite, comment est-ce que tu restes en contact avec tout le monde ?

LAURIE : Je suis en relation, avec plus de 2000 personnes sur LinkedIn.

CARO : A savoir, Laurie n’a pas de compte Facebook, ni de compte Twitter ! Il s’agit en fait de choisir le bon outil plutôt que de s’éparpiller et d’essayer de tout faire. Elle a choisi LinkedIn.

LAURIE : Exactement. Et pour rester en contact, je suis tout simplement très ouverte. Je leur raconte ce que je traverse, ou je suis leurs réalisations. Par exemple, s’ils viennent de rendre un de leur projet public et que je trouve fantastique, je vais le leur dire. Ou si jamais je tombe sur leur projet dans un magazine allemand, je vais prendre une photo et la leur envoyer avec un petit mot : « hey, tu es au Mexique, mais je viens de voir ton travail ici. Je ne peux rien lire parce que c’est en allemand, mais voici l’article. »

On est tous devant nos ordinateurs à faire nos designs, souvent un peu dans notre petite bulle. Donc ça fait du bien de voir ce qui se passe dans la bulle des autres.

Et pour en revenir à Raoul, on s’est très bien entendu et on est finalement devenu un peu des « pen pals » comme on dit en anglais. Ce qui est remarquable dans le fond, parce que ce sont des gens très doués et qui ont un réel succès dans le secteur. Ils doivent gérer des équipes de 25 personnes à gérer, ils ont des milliers et des milliers de followers, etc… Et pourtant, tous les trois mois, je reçois un e-mail personnel, pas forcément très long mais finalement assez intime d’un point de vue professionnel : quelles sont les difficultés que l’agence traverse, quelles sont les restructurations, un peu ce qu’on ne montrerait pas sur Internet…

Et je réponds souvent en partageant moi aussi mes difficultés. Ce n’est pas toujours facile d’être freelance. Ca me rapproche de ces personnes, malgré la distance géographique, et ça me donne également des boosts de confiance.

Parce que même si cette personne en apparence “gère”, elle a quand même ses doutes et se posent pas mal de questions. Du coup, je me dis que c’est pas grave que je n’ai pas moi-même toutes les réponses. Mais ce qui est top, c’est que je peux demander à cette personne : « qu’est-ce que tu en penses toi, de ça ? Tu crois que c’est une bonne idée ? »…

Après, ce n’est pas forcément de croire tout ce qu’il dit. Ce n’est pas ça. C’est plutôt d’entendre un autre point de vue. Parce qu’il y a aussi un parti pris culturel. La culture mexicaine est différente de la culture canadienne qui est différente de la culture française.

CARO : Tu vas finalement rencontrer Raoul, c’est ça ?

LAURIE : Exactement. Il y a un an environ, il a lancé un magnifique projet pour un restaurant au Mexique. Je lui envoyé un e-mail en disant en gros que j’adorais ! Et en rigolant, je lui ai dit qu’un jour, on irait boire un verre ensemble dans ce restau.

Et nous y voilà, on va le faire au mois d’août. Quand j’ai commencé à penser à mon tour du monde, je me suis dit que ce serait sympa de passer voir Raoul et son équipe. Même si jusque là, on n’a jamais travaillé ensemble !

Il me répond en moins de deux heures. Il trouve que c’est une super idée et me dit que bien sûr, il m’accueillerait dans son équipe sans problème. Donc je vais travailler dans le studio pendant 4 mois à Monterrey au Mexique.

Peut-être qu’on va collaborer à un certain point, mais pas de pression de ce point de côté-là. Je sais que c’est aussi dans mon intérêt de continuer avec mes propres clients étrangers parce que les salaires au Mexique et au Vietnam sont moins intéressants.
Ensuite, j’ai décidé de faire un petit détour par le Canada pour dire bonjour à mes potes et enfin de retourner en France pour passer les fêtes de fin d’année en famille.

Et pour 2016, qui sait ?! :)

Laurie-Millotte-4

CARO : Et à part pousser ton apprentissage professionnel, est-ce que tu as d’autres projets ?

LAURIE : Oui, j’ai un autre projet. J’ai beaucoup de personnes dans mon entourage, des amis qui me demandent : « mais comment tu fais ? Comment est-ce que tu établis ces relations, peu importe ils où sont dans le monde ? Comment est-ce que tu te crées une telle carrière ? »

CARO : En gros : « comment tu trouves des projets super géniaux tout le temps ? » C’est ça la question.

LAURIE : Oui. C’est une question qui revient souvent et j’y réponds volontiers autour d’un verre de vin ou sur Skype ou par e-mail. Mais j’ai commencé à me dire : « merde. Il faut que je partage ce que je sais, parce que ça peut vraiment aider certaines personnes ».

Mon projet s’appelle Flights of Insight – c’est en anglais ; je suis désolée : comment peut-on se créer ses propres opportunités ?

Ma théorie, c’est que le modèle selon lequel on attend que quelqu’un vienne nous montrer comment faire ou nous prendre sous son aile, c’était peut-être le cas il y a 10, 20, ou 30 ans. Mais aujourd’hui, il y a trop de monde sur le marché et attendre que ça arrive, c’est attendre pour rien. Je n’y crois pas. Même si vous êtes très doué, il y a trop de compétition.

Ceci dit, Internet est un fabuleux outil pour se créer ses propres chances dans la vie et dans la vie professionnelle notamment. C’est le point sur lequel je me concentre.

Avec Flights of Insight, j’offre des conseils et des exercices pour aider les gens à développer leurs propres opportunités, trouver aussi des possibilités qu’ils n’avaient peut-être même pas pensées auparavant.

Je propose des exercices ou plutôt des schémas à suivre pour avoir des résultats sans avoir à se poser trop de questions. Ca m’a pris des années pour me débrouiller correctement avec LinkedIn par exemple. Donc je peux vous éviter bien des tracas. Je peux vous apporter beaucoup de réponses sur la façon de se monter un réseau. Et bien sûr aussi, de le faire de manière honnête.

Ce qu’on cherche, c’est d’établir une relation vraiment humaine, ce n’est pas de : « faire du marketing », etc. Moi non-plus, ça ne m’intéresse pas, mais établir des relations avec des personnes avec lesquelles je partage beaucoup d’affinités professionnelles, ça, c’est vachement intéressant.

Et ça débouche sur de nombreux projets, qu’ils soient payés ou non, ou toute sorte d’opportunités.

Concrètement, sur Flights of Insight, j’interviewe aussi des personnes qui sont passés par là et qui ont ce côté créatif : des designers, des typographes qui se sentaient trop “confortables” dans leurs propres vies et qui se sont dit : « j’ai besoin de changement » ou « je stagne, j’ai besoin d’aller de l’avant ».

Dans les interviews, on voir ce qui les a motivés, comment la transition s’est passée pour eux. Je parle aussi un peu mes aventures et de mes déboires. Et très prochainement, j’espère des points positifs de mon voyage autour du monde.

CARO : J’ai hâte de voir ça. En tout cas, merci ! Je pense que c’était une interview très intéressante. Mais là, on est à sec, les gars.

LAURIE : La bouteille de vin est vide !

CARO : C’est qu’il est temps pour nous de s’arrêter et de sortir quelque part en ville.

LAURIE : Au revoir. À la prochaine !

Le blog de Laurie : Flights of Insight

Je ne veux pas manquer le prochain article qui m'aidera à me lancer en freelance, me construire une activité qui me passionne et à avoir une vie pas banale ! Merci de promettre de ne pas me spammer :)

Déjà 7 commentaires Ajoutez le votre

  1. Mélanie

    Super cette interview! Laurie est un phénomène, quelle énergie, et quelle belle source d’inspiration! Merci à toutes les 2 pour le partage.

  2. Guillaume

    Super Interview les filles vraiment !!!
    Depuis que j’ai découvert le blog de Caro, j’essai de mettre en pratique plus d’un de ses précieux conseils pour grandir mon réseau et me créer de nouvel opportunité en contactant d’autre personne. Plusieurs Freelance m’ont conseillé Linkedin et en lisant l’expérience de Laurie cela confirme la puissance de ce réseau :)
    Par contre pour une personne comme moi qui rêve de voyager aussi mais qui à une famille (marié et deux petite filles) auriez-vous des conseils ? Connaissez-vous d’autres freelance dans la même situation et qui réussissent à mélanger famille, voyage & aventure ;) ?

    En tout cas merci pour vos conseils

  3. DALLO

    Bonjour,

    Comment dire..je suis super contente de tomber sur deux nana super cool et qui ont comme moi une passion pour le voyage et le design. À peine je tape sur le net comment apprendre wordpress et c’est sur vos deux blogs que je tombe. Merci infiniment à Laurie de partager ses aventures et ses astuces (je les lierai toutes, d’ailleurs j’ai déjà un compte twitter, Linkedin, vidéo, pinterest bref toute la clic lol) et à Caro de partager ses connaissances en wordpress et bien entendu de nous présenter Laurie par la même occasion. Je suis étudiante et voila j’ai décidé de devenir un designer freelancer globe trotteuse international :) Éh oui le parcours est semé d’embuche, de découverte, d’aventure et j’aime ça! Je suis une personne super créative qui a toujours une idée toutes les secondes lol et les gens penses que je ne sais pas ce que je veux mais non..J’espère que vous me comprendrez les filles :) Je vous souhaite une merveilleuse année 2015 et 2016 et bonne continuation pour l’aventure :) À très bientôt dan la blogosphère!!

  4. Vee

    Quelle interview inspirante et sans fards ! Et quel esprit libre !
    On pourrait penser que ses prises de risques sont courageuses mais en fait c’est juste naturel pour elle, je dirais même vital. Avancer, toujours avancer. Envers et contre tout.

    Merci pour cette immersion dans ta vie Laurie :)

  5. Stéphane

    Très inspirant ! Mais comment concilier une vie amoureuse avec ce style de vie si la personne avec qui l’on est ne dispose pas d’un diplôme international (ex: Dentiste) ?

  6. Val

    Très inspirant !
    Par curiosité, quelles étaient les 8 questions lancées en aveugle ?

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