Mon retour à la réalité (2) – I am not special…

Au moins cinq stages effectués pendant les études, deux postes en Volontariat, puis une dizaine d’années de contrats basés sur de courts projets imposants des déménagements réguliers ; voilà comment les quatre invités de la conférence “Chancen in der Kulturvermittlung[1], le mardi 22 mars à Munich, ont obtenu leurs postes actuels dans le domaine culturel.

En apparence, peu d’idées révolutionnaires sont apparues durant cette conférence organisée par la Ludwig-Maximilians-Universität et le pôle emploi allemand. Elle était divisée en quatre temps : les missions et domaines d’application de la médiation culturelle, les voies d’accès, les exigences requises, et enfin les tendances du marché. Les idées principales sont les suivantes :

1) La médiation culturelle recouvre différents métiers du directeur de musée, aux métiers de l’édition ou encore les organisateurs évènementiels…

2) Outre l’expérience professionnelle acquise, de nombreuses compétences personnelles sont demandées aux candidats potentiels : expériences à l’étranger et réseau international, mobilité, motivation élevée, compétences informatiques (Excel, Acess, Indesign), sens aigu de la communication, du travail en équipe et une certaine patience parce que “les artistes peuvent parfois taper sur les nerfs”.

3) Les postes exigent le plus souvent au moins un master dans une faculté de sciences  sociales : littérature, histoire, histoire de l’art, etc… Deux des intervenants ont même un doctorat[2].

4) Le marché du travail de la médiation culturelle est saturé et aucune augmentation budgétaire n’est à envisagé dans les années à venir[3]. Pour chaque offre d’emploi, les employeurs reçoivent entre 50 et 80 candidatures. La balance offre-demande est  déséquilibrée. La seule chance est véritablement de se construire un réseau solide.

Le message est clair et les intervenants ont au moins le mérite de ne pas avoir joué les faux-semblants, devant une salle quasiment pleine d’étudiant(e!)s. Du point de vue de l’organisation, tout semblait bien réglé – aussi bien que sur un plateau télé de TF1 recevant Nicolas Sarkozy. L’enseignante-présentatrice pose les questions auxquelles les intervenants répondent poliment à tour de rôle.

Ils avaient tort. Ce n’était que le calme avant la tempête ! Si le discours semblait aller de soi pour les intervenants, il a pourtant créé la surprise chez les étudiantes. L’enthousiasme naïf disparait peu à peu de leurs beaux visages lorsque sont abordés les points 3 et 4 de la conférence. L’organisatrice commence alors à avoir du mal à retenir les mains qui se lèvent vigoureusement ; si bien que lorsque la présentation prend fin, le temps n’est plus aux questions mais aux griefs. Soudain, on exige des professionnels de véritables justifications. On veut savoir pourquoi un emploi ne nous est pas donné alors que nous aussi, on a déjà effectué de nombreux stages – en tout cas, au moins deux, hein ! Et notez bien qu’on ne se garde pas de les détailler longuement !

Il n’y a pourtant pas de quoi s’énerver. Les intervenants ont été honnêtes sur les possibilités d’emploi et la situation du marché. Leurs parcours furent longs et difficiles aussi. Certes, ils ont “réussi” mais aucun d’entre eux ne s’est contenté d’être un étudiant moyen[4]. Mais cette vérité là, aucune des étudiantes-petites-bourgeoises ne voulaient le savoir : “non mes chères, notre diplôme universitaire en science sociale ne nous donne aucun droit d’accès prioritaire à l’acquisition d’un emploi. Et le marché de la culture est un marché hautement compétitif”.

Personnellement, j’ai trouvé les intervenants aussi enthousiastes que des gardiens de prison et deux d’entre eux, enclin à l’obésité, laissaient présager de longues heures derrière un bureau. Travailler dans la culture est moins glamour qu’il n’y parait… Il n’empêche néanmoins que travailler dans ce secteur est un projet auquel je tiens. Sans y renoncer, je pense cependant que c’est un projet à reconsidérer sur le long terme. A mon avis, il y a deux cas de figures :

  • Soit vous avez les moyens de travailler plus ou moins bénévolement, en vivant chez un parent, épargnant les frais de logement. Vous suivez alors la voie classique. Et il ne faut encore pas oublier qu’il vous faudra développer parallèlement d’autres compétences, notamment informatiques et linguistiques et vous constituer un carnet d’adresses.
  • Ou alors, vous n’avez pas ces moyens là et devez subvenir à vos besoins le plus rapidement possible. Réfléchissez alors à ce que vous aimiez faire durant vos stages et réfléchissez aux autres secteurs dans lesquels vos compétences seraient utiles. Gardez également à l’esprit que nous n’avons pour la plupart d’entre nous jamais essayé autre chose, et que peut être d’autres secteurs d’activités nous plairont tout autant.

Je n’ai pas encore de vraies alternatives à proposer, je cherche aussi… donc toutes expériences ou avis pertinents sur la question sont les bienvenues.


[1] Possibilités (d’emploi) en médiation culturelle

[2] Il ne faut pas sous-estimer l’importance des titres univeristaires en Allemagne. Cf l’affaire Karl-Theodor zu Guttenberg. http://lagazettedeberlin.de/6493.html

[3] Cf article du Monde, en date du 9 mars 2011 : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/09/on-finance-des-spectacles-rarement-le-fonctionnement-des-structures-dans-lesquelles-ils-naissent_1490564_3232.html

[4] Le Dr. Thomas Kraft, directeur du LangenMüller Verlag, expliquait notamment qu’il avait publié 3 ouvrages et organisé 2 séminaires durant ses études.

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