Lettre de motivation et syndrome du Je Je Je

Travaillant en indépendante, pitcher de nouveaux clients est un peu mon quotidien. Donc même si je n’aime pas trop ça, j’ai été obligée d’améliorer rapidement mes lettres de motivation.

Parfois, parce qu’il est bon de se féliciter du chemin parcouru, je regarde mes premières versions au sortir de la fac. En fait, ça me fait rarement du bien. J’ai honte tellement elles étaient mauvaises. Heureusement, désormais, même si je ne remporte pas tous les contrats pour lesquels j’envoie une candidature, j’ai quand même un taux de réponse assez élevé. Et donc maintenant les gens me donne leurs lettres à corriger avec la phrase « dis moi ce que tu en penses ». Je ne suis pas tout à fait sûre que les gens veulent tous vraiment savoir ce que j’en pense mais comme en général, toutes ces lettres sont identiques, il est facile pour moi de donner mon avis : il suffit que je copie/colle mes remarques.

Le premier problème des lettres de motivation, ce n’est pas les fautes d’orthographe (évidemment qu’il faut éviter d’en laisser !) ou les tournures pompeuses ridicules. Quoique… les employeurs décident en 10 secondes s’ils vont vous garder ou non donc il est sûrement bon de ne pas gâcher ces 10 secondes en périphrases inutiles…

Non, le plus gros problème des lettres de motivation, c’est que vous ne parlez que de vous et de ce que vous attendez du poste avec un paragraphe commençant par « je suis intéressé(e) par …» et un autre « ce poste me permettrait de développer de nombreuses compétences en… ».

Je comprends bien pourquoi vous faites ça. C’est parce que malgré un master, on ne sait toujours rien faire donc on blablate sur ce qui nous intéresse. Sauf que tout le monde s’en fout !!! Personne n’est là pour vous engager pour vous faire plaisir. La vraie question à laquelle il faut répondre, c’est « qu’est-ce que vous pouvez faire pour moi qui suit prêt à payer quelqu’un ? ».

On n’engage pas les gens par pitié. Quand on cherche à employer quelqu’un, c’est qu’on a un problème à résoudre. Et votre lettre de motivation – puis l’entretien qui suit – servent à expliquer en quoi vous pouvez résoudre ce problème. Quand j’ai voulu engager quelqu’un sur Elance, j’ai vraiment eu plusieurs personnes qui m’ont écrit « je peux le faire, donnez-moi une chance, s’il vous plait ». Sans déconner ?!!?

Le fait de parler toujours de soi est parfois appelé le syndrome du Je Je Je parce que toutes les phrases de votre lettre commencent par Je (et ce n’est pas parce que vous avez mis un joli adverbe devant ou conjugué votre phrase au passif que vous ne parlez pas de vous). Ce que les employeurs veulent entendre, c’est une histoire, un détail marquant d’une de vos précédentes expériences qui illustrent comment vous pouvez accomplir une des missions citées dans l’offre. Pas besoin de refaire un listing de toutes les missions. Deux ou trois illustrations de vos compétences tournées de façon non-pas à répondre à la question « en quoi ce job serait bien pour moi » en « en quoi moi je suis bien pour le job et pour eux » suffiront à vous faire passer à l’étape de l’entretien.

De même, si pendant l’entrevue, on vous pose la question « pourquoi vous voulez travailler ici ? », vous devez parler de ce que votre client (si vous êtes freelancer) ou votre employeur potentiel veut, et non pas du type de missions que vous souhaitez faire, ou quelle sorte de travail vous intéresse. Remplacez vos « je veux ça, je suis intéressé(e) par ça et je pense que … » qui vont donner la nausée à la personne qui se trouve en face de vous par « d’après ce dont on a parlé jusqu’à présent… » ou « d’après mes recherches » ou « d’après ce que j’ai lu à propos de votre entreprise, il semblerait que vous soyez face à trois challenges principaux qui sont A, B et C. Mon expérience se situe dans tel domaine et je pense aussi pouvoir apporter X. Mon but est de vous aider à améliorer ABC de tant de % dans les 3 prochains mois ».

C’est en ayant un peu d’empathie et en se concentrant sur ce que les autres veulent qu’on obtient ce qu’on veut vraiment, à savoir un taf intéressant avec des gens sympas.